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lundi 14 juin 2010

Notre chemin est celui de l'exil

Notre chemin est celui de l'exil
L'âme en pleure de tristesse
La nostalgie s'est glissée
L'âme en pleure de tristesse
D'étranges larmes
Larmes de chagrin

Est-ce là ton oeuvre
Ta peine a consumé l'âme
Si je meurs tu ne le sauras point
L'âme en pleure de tristesse
D'étranges larmes
Larmes de chagrin

Je suis Beyhani c'est ainsi
Voilà mon chemin, séparé du tien
L'âme en pleure de tristesse
D'étranges larmes
Larmes de chagrin

Asik Bayhani

Traduction : Sema Kiliçkaya

Le semah

La danse rituelle appelée sema ou semah, selon les variantes dialectales les plus courantes, est un élément clé du culte des Alévis-Bektachis. Le terme « semah », appliqué de longue date à cette danse, recouvre le nom de « oyun » (jeu/danse) chez les Alévis alors qu’il se rattache plus anciennement à la tradition soufie de l’Islam. Ainsi, « semah » dérivé de l’arabe « sama » signifie « audition », puis, « chant » et « exécution musicale ». Il se traduit donc par la pratique collective du chant et/ou de mouvements corporels.


Traditionnellement, les semah sont dansés pendant la cérémonie plénière appelée « cem ». Le semah est l’un des douze services du cem et il fait l’objet d’une bénédiction par le dede qui dirige la cérémonie. Il est chanté et accompagné au saz par un ou plusieurs musiciens. Les chants de semah sont alors formés d’une succession de poèmes d’origine diverse. Tous les semah ont pour caractéristique une succession de parties lentes et rapides, et un pas symétrique basé sur une séquence ternaire (pas composé à trois temps). Les corps ne se touchent pas, les bras et les mains sont levés.

Haci Bektach Veli, grand humaniste alévi

Haci Bektach Veli est né en 1248 à Khorasan, une ville située dans le nord-est de l'Iran. Il y vécut son enfance et sa jeunesse et apprit la philosophie et les sciences sociales et physiques au foyer de Ahmet Yesevi. Après avoir visité l'Iran et l'Irak et y avoir fait ses études, il arrivera en Anatolie en 1275. Il s'installera à Suluca karahöyük, appelé aujourd'hui Haci Bektach.
Son système de pensée basé sur la tolérance et l'amour de l'être se répandit très vite dans le pays commençcant tout d'abord dans les campagnes où les femmes jouaient un rôle important. Ainsi, Haci Bektas prit la tête d’un mouvement de résistance culturelle des nomades anatoliens contre la tyrannie grandissante des Turcs seldjoukides venus des hauts-plateaux d’Asie centrale (issue de ces derniers, la dynastie ottomane devait finir par prendre Byzance, en 1453, et contrôler toute l’Asie mineure).

jeudi 10 juin 2010

« Türkü » musique populaire et traditionnelle turque

La structure culturelle de la Turquie s’est formée de très riches et diverses expériences culturelles provenant de l’histoire. Vu sa position géographique, la Turquie est le centre de différentes cultures comme les cultures orientale, occidentale, moyen orientale, méditerranéenne et islamique. Cette richesse des cultures se reflète aussi naturellement dans notre culture de musique. Ainsi, selon les régions de la Turquie nous aurons des genres de musique divers qui se forment dans toute la géographie.

Dans la culture alévie, le style de musique doit beaucoup aux ozan et âsik (prononcé ashik), les chanteurs ou poètes sont accompagnés d’un instrument appelé « sâz ». Basée sur la poésie chantée, la musique traditionnelle anatolienne, portée par des bardes musiciens (appelés âsik), comporte une forte composante religieuse, spirituelle ou imaginaire.

L'instrument de prédilection de la musique anatolienne est le baglama, plus communément appelé « sâz ». Sorte de luth à manche long ou court d'origine persane, rencontré en Turquie, en Grèce, en Arménie et en Azerbaïdjan. Le mot sâz vient du persan et signifie « instrument ». Il est formé d’une caisse de résonance en bois lamellé-collé, et d’un long manche muni de frettes (composées le plus souvent d’un assemblage de fil nylon faisant office de frettes). Il est muni de trois chœurs de cordes qui se jouent avec un plectre. A noté également que dans l’alévisme, cet instrument a un caractère sacré, car il est utilisé dans le rituel religieux le « Cem ».

mercredi 19 mai 2010

Sivas "Madimak" restera à jamais dans nos mémoires

Revenons rapidement sur les faits…


Le 2 juillet 1993, des groupes d’Alévis (dont beaucoup d’intellectuels et artistes) se rendent à Sivas pour la fête de Pir Sultan Abdal (grand poète alévi du XVIème siècle ayant vécu une partie de sa vie à Sivas). Un bon groupe de participants est logé à l’hôtel Madimak. Prétextant la présence à cet événement culturel de l’écrivain athée Aziz Nesin qui avait traduit Les versets sataniques de Salman Rushdie, des manifestants manipulés apparemment par les islamistes s’attaquent aux Alévis et vont jusqu’à incendier l’hôtel Madimak où s’étaient réfugiés les participants.


Le saviez-vous ?

Sivas est pourtant une petite province qui avait été mise à l’honneur par Atatürk. En 1919, c’est lors du Congrès de Sivas que Mustafa Kemal s’assure le soutien des principaux chefs militaires du pays et organise la résistance du peuple pour libérer la Turquie.

Grâce à Atatürk et à l’instauration d’une République laïque, les Alévis ont vu leurs droits augmenter et ont pu descendre des villages de montagne où ils vivaient généralement pour s’installer à la ville et occuper des postes de fonctionnaires par exemple. C’est pourquoi, les Alévis sont kémalistes et qu’on les considère comme des garants de la laïcité en Turquie.

Justement, l’un des slogans lancés par les manifestants islamistes lors de l’épisode tragique de Sivas était : « C’est ici que la République a été fondée, c’est ici qu’elle sera détruite ! » Autre slogan anti-kémaliste qu’on pouvait entendre dans la foule : « A bas la laïcité ! » En s’en prenant aux Alévis, les manifestants s’en prenaient aux valeurs mêmes de la République kémaliste.

L'hôtel aujourd'hui...

L’hôtel de Madimak est toujours en activité, mais le plus atroce et le plus intolérable est le restaurant qui s’est ouvert à l’entrée de cet hôtel et jusqu’à peu de temps. Des kebabs et des plats à base de viande étaient préparés comme si le massacre n’avait jamais eu lieu, comme si 35 personnes n’avaient pas perdu la vie, brulées vives dans cet hôtel.

Grâce à une campagne, pour que l’hôtel de Madimak devienne un musée, 1 million de signatures ont été obtenues et remises aux autorités turc.
Cette requête a étè déposée à l’assemblée nationale de la Turquie par différents députés mais la demande a toujours étè refusée par les membres du partie de la justice et du développement (AKP) au pouvoir.

Les Alévis vivant en Europe, aux idées démocrates, veulent que la Turquie nettoie cette honte, que l’hôtel Madimak soit exproprié et soit transformé en musée de « Paix et d’Amitié » et veulent également que les vrais coupables toujours en fuite soient retrouvés et punis.

Tous les ans, le 2 juillet, la population commémore les êtres chers qui nous ont quittés.
« POUR LA TURQUIE, LE CHEMIN DE L’UNION EUROPEENNE PASSE PAR SIVAS-MADIMAK ».

Extrait d'un article de Sebahat Erol et de la Conféderation des Alevis d’Europe.